HISTORIQUE & MODALITÉS D’ATTRIBUTION
Créée à titre temporaire par décret, le 13 juillet 1917, la Médaille de la Reconnaissance française était destinée à témoigner publiquement
de la « gratitude portée à toutes les initiatives individuelles ou collectives, qui se sont manifestées en France,
chez les Alliés et dans le monde entier, pour venir en aide aux blessés, aux malades, aux familles de militaires tués au combat, aux mutilés,
aux invalides, aux aveugles, aux orphelins et aux populations chassées et ruinées par l’invasion. »
Selon l’esprit du décret, seuls les initiatives et les actes « qui comportent un effort personnel, soutenu et volontaire,
de ceux qui ne consistent pas simplement en l’accomplissement d’obligations militaires légales ou en une simple libéralité
ou même en une participation occasionnelle à quelque œuvre de bienfaisance ou d’assistance », pouvaient constituer des titres favorables
en vue de l’attribution de la médaille.
A cette époque, les militaires ne pouvaient recevoir la Médaille de la Reconnaissance française, car celle-ci était réservée aux civils uniquement.
Elle comportait trois classes ( 3e classe en bronze, 2e classe en argent et 1re classe en vermeil ) décernées,
par décret du Président de la République, contresigné par le ministre de la Justice ( pour les personnes résidant en France )
ou par le ministre des Affaires étrangères ( pour les personnes résidant à l’étranger ).
Les dossiers de candidature étaient examinés par une commission spéciale, siégeant au ministère de la Justice,
et présidée par un membre du Conseil de l’Ordre de la Légion d’honneur. Cette commission comprenait, par ailleurs,
un ambassadeur ou un ministre plénipotentiaire, un conseiller d’État, un membre de l’Institut et un conseiller à la Cour de cassation.
La décision définitive d’attribution ou de rejet revenait au ministre.
Pendant l’entre deux guerres, l’autorisation pour la décerner fut accordée au président du Conseil et aux ministères de l’Intérieur et de la Guerre.
Elle put être alors remise à titre posthume.
Le décret du 9 janvier 1923 permit aux personnes citées à l'ordre de la nation, par la voie du Journal Officiel, de porter le ruban de la médaille de 2e classe.
Durant la seconde guerre mondiale, le gouvernement de Vichy, par le décret du 11 août 1941, a repris les dispositions d’origine ( décret de 1917 )
et permit son attribution aux :
- personnes de nationalité française qui, sans avoir la qualité de militaires des armées de terre, de l’air et de mer,
auront, par des actes de courage et de dévouement accomplis entre le 2 septembre 1939 et la date de cessation légale des hostilités,
rendu au pays des services signalés ;
- collectivités françaises ou étrangères, à titre exceptionnel ;
- militaires des trois armes qui, ayant été faits prisonniers de guerre, auront, pendant leur captivité, accompli des actes méritoires reconnus ( décret du 14 avril 1942 ).
En 1945, le décret du 14 septembre du gouvernement provisoire de la République française, abrogèrent les dispositions du gouvernement de Vichy
et permirent de reprendre l’attribution de la Médaille de la Reconnaissance française, qui releva, dès lors, de la compétence du ministre de l’Intérieur.
Les services déjà récompensés par une nomination ou une promotion dans l’Ordre de la Légion d’honneur ou par une autre décoration,
ne purent être pris en considération pour l’attribution de la Médaille de la Reconnaissance française.
Elle a pu être décernée à titre exceptionnel pour faits de Résistance, par le décret du 22 novembre 1946 et, cette même année, fut créée ( décret du 30 avril )
une Lettre de Remerciement de la Reconnaissance Française, n’ouvrant pas droit au port de la médaille et destinée aux personnes qui,
sans avoir accompli d’actes exceptionnels ou très dangereux, avec un dévouement parfois obscur mais inlassable, ont aidé de leur mieux au relèvement du pays durant les hostilités.
Après avoir été décernée à près de 15 000 personnes ou collectivités, le décret du 6 novembre 1958 supprima son attribution ( forclusion )
et la dernière remise de cette médaille a lieu le 14 février 1959.
BÉNÉFICIAIRES
GUERRE 1914-1918
La Médaille de la Reconnaissance française a pu récompenser :
- les personnes qui, en présence de l’ennemi, ont accompli des actes de dévouement exceptionnels sans
que la durée de ces services ait atteint un an ( décret du 2 décembre 1917 ) ;
- des collectivités dont les membres n’étaient pas autorisés à porter individuellement le ruban ou la médaille ( décret du 2 décembre 1917 ) ;
- les personnes qui, en Alsace et en Lorraine ont été déportées, exilées ou emprisonnées, avant le 1er août 1914, par les autorités Allemandes
en raison de leur attachement à la France et à celles qui, dans les départements occupés, se sont,
par leur attitude courageuse, exposées à des représailles ( décret du 1er avril 1922 ) ;
- les prisonniers de guerre, prisonniers civils, otages ayant aidé les armées alliées ou accompli des actes exceptionnels de courage et de dévouement.
Les habitants des régions envahies ou les Alsaciens et les Lorrains ayant aidé ces personnes ( décrets du 29 novembre 1926 et du 8 décembre 1928 ).
GUERRE 1939-1945
La Médaille de la Reconnaissance française a pu récompenser les étrangers civils ou militaires,
les collectivités françaises ou étrangères et toutes les personnes de nationalité française ayant,
à l’occasion de la guerre et pendant les hostilités, soit accompli des actes de dévouement dans l’intérêt public,
soit rendu au pays des services signalés, sans que ces actions revêtent un caractère militaire ( décret du 14 septembre 1945 ).
COLLECTIVITÉS DÉCORÉES
La Médaille de la Reconnaissance française a été attribuée à six villes françaises et huit villes étrangères.
Villes françaises :
- Annemasse, Thonon et Evian ( 1921 ).
- Céret ( 1946 ).
- Cerbère et Hochfelden ( 1947 ).
Villes étrangères :
- Suisse : Schaffhouse ( 1919 ), Bâle, Genève et Lausanne ( 1921 ), Montreux ( 1953 ).
- Belgique : Mons ( 1920 ).
- Grand Duché du Luxembourg : Luxembourg ( 1921 ).
- Norvège : Narvik ( 1954 ).